Niger: le président Bazoum face à une tentative de coup d’État

Politique

Mohamed Bazoum, président du Niger, est confronté à une tentative de prise de pouvoir par la force. Ce mercredi 26 juillet 2023, la situation est confuse. Les autorités ont d’abord parlé d’un « mouvement d’humeur anti-républicain » de la part de membres de la garde présidentielle. Le chef de l’État se porte bien de même source, mais il est retenu dans sa résidence.

Les réactions internationales se multiplient. Le président du Bénin « est en route » pour Niamey, a-t-on appris en début de soirée.

Le chef de l’État nigérien et sa famille sont à la résidence et se portent bien, selon la présidence. Mais Mohamed Bazoum est retenu par des membres de la garde présidentielle.

Des pourparlers ont eu lieu ce mercredi matin entre les autorités politiques et ces éléments qui ont manifesté ce « mouvement d’humeur anti-républicain », toujours selon les termes de la présidence.

Dans un message sur ses réseaux sociaux – en partie supprimé quelques minutes plus tard –, la présidence du Niger a en fait affirmé à la mi-journée que « des éléments de la garde présidentielle (GP) ont […] tenté en vain d’obtenir le soutien des forces armées nationales et de la garde nationale ».

La présidence ajoutait que les « forces armées nationales et de la garde nationale » étaient prêtes « à attaquer les éléments de la GP impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne [revenaient] pas à de meilleurs sentiments ».

Qui est le général Abdramane Tchiani, à la tête de la Garde présidentielle ?

Le général Abdramane Tchiani, un officier issu de l’armée de terre était un parfait inconnu lorsque Mahamadou Issoufou le porte à la tête de la Garde présidentielle, à son élection pour son premier mandat à la tête du Niger en 2011.

Très peu d’informations ont circulé jusqu’ici sur la biographie de cet homme qui passe pour « très discret » mais aussi un général à la réputation d’homme très dur et très craint de ses collègues de l’armée nationale, selon plusieurs observateurs.

Fidèle parmi les fidèles, Mahamadou Issoufou va le garder aux commandes de ce corps d’élite très choyé durant ses deux mandats, jusque donc en 2021. Et juste avant la passation de pouvoir entre les présidents Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum le 31 mars 2021, le général Tchiani protège donc ce dernier, qui va le maintenir à son poste.

C’est ce même général qui est aujourd’hui à la tête de ce que la présidence nigérienne a qualifié dans un Tweet de « mouvement d’humeur anti-républicain », alors que l’Union africaine ou encore la Cédéao condamnent « une tentative de coup d’État ».

Tirs de sommation contre des manifestants favorables à Bazoum

Actuellement, le ministre de l’Intérieur est retenu. Mais la situation est confuse à Niamey ce 26 juillet.

C’est vers 5h30, heure locale, que des éléments de la garde présidentielle ont bloqué les accès au palais présidentiel. La circulation dans les alentours a repris normalement deux heures plus tard.

Un dispositif des forces spéciales nigériennes, fidèles au président Bazoum, a pris position autour de la radio et de la télévision publiques.

Des personnes sont ensuite descendues dans la rue en signe de soutien au chef de l’État nigérien. Des tirs de sommation de la garde présidentielle ont néanmoins retenti contre ces manifestants.

Le président béninois attendu au Niger

Patrice Talon, président du Bénin, est parti pour le Niger dans l’espoir de servir de médiateur. « Il va là-bas maintenant, il est en route », a déclaré Bola Ahmed Tinubu, président du Nigeria, qui dirige actuellement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Les deux chefs d’État se sont rencontrés ce jour à Abuja.

Avant de partir, le chef de l’État béninois s’est lui-même exprimé. « La situation est suffisamment préoccupante pour que la Cédéao et le président Tinubu, le président du Nigeria, voisin du Niger, avec le Bénin, voisin du Niger également, nous prenions la chose au sérieux et agissions rapidement », a-t-il dit.

Je crois que tous les moyens seront utilisés, au besoin, pour que l’ordre constitutionnel soit rétabli au Niger, mais l’idéal serait que tout se passe dans la paix et dans la concorde, donc les actions de médiation seront renforcées ce soir même pour que cette situation s’arrange dans la paix.

« Même quand ce qui n’est pas acceptable se fait, insiste Patrice Talon, il faut que dans la paix, on puisse corriger cela. C’est notre première option. Nous pensons que ce sera avec succès. »

Union africaine et Cédéao dénoncent une tentative de coup d’État

Selon nos informations, deux officiers supérieurs du Nigeria, le chef d’état-major de l’armée et le chef des services de renseignement, sont sur place au Niger.

Dans un communiqué publié par la présidence du Nigeria plus tôt, Bola Ahmed Tinubu a évoqué des « développements désagréables » au Niger voisin, prévenant que « la direction de la Cédéao n’acceptera aucune action qui entrave le bon fonctionnement de l’autorité légitime au Niger ou dans toute partie de l’Afrique de l’Ouest ».

Quant à la Commission de la Cédéao elle-même, dans un autre communiqué, elle a condamné « la tentative de coup d’État ».

C’est avec stupeur et consternation que la Cédéao a pris connaissance de la tentative de coup d’État au Niger. Elle condamne de la manière la plus vigoureuse cette tentative de prise de pouvoir par la force et appelle les auteurs de cet acte à libérer immédiatement et sans condition le président de la République démocratiquement élu.

RFI

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