Le récent sommet des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) marque un moment charnière pour la Guinée, la plaçant au cœur de la refonte institutionnelle de l’organisation. Suite au retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger, qui a contraint à la relocalisation de plusieurs entités clés, la CEDEAO a choisi de privilégier l’équilibre géographique et l’inclusivité dans la redistribution de ses institutions. C’est dans ce contexte que la Guinée se voit attribuer une responsabilité majeure. Elle accueillera désormais le Centre de gestion des ressources en eau (CGRE).
Bien plus qu’une simple relocalisation ; cette décision du bloc régional est une reconnaissance de son potentiel hydrique et un investissement dans son avenir.
Historiquement, l’hébergement d’institutions régionales est un gage de prestige et un moteur de développement. Il génère des emplois, stimule l’économie locale, renforce les capacités techniques et professionnelles, et positionne le pays hôte comme un acteur central dans les dynamiques régionales.
Le choix de la Guinée pour abriter le siège du CGRE n’est pas anodin. Le pays regorge de ressources hydriques significatives, avec des fleuves majeurs qui prennent leur source sur son territoire, lui valant le surnom de « château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ». Cette réalité géographique et hydrologique fait de la Guinée un lieu idoine pour abriter une institution dédiée à la gestion des ressources en eau.
Le CGRE aura pour mission essentielle de coordonner les efforts régionaux en matière de gestion durable de l’eau, de promouvoir la recherche et l’innovation, et de soutenir les États membres dans l’élaboration de politiques hydriques efficaces. L’expertise guinéenne en la matière, combinée à l’apport du Centre, pourrait catalyser des solutions innovantes pour relever les défis croissants liés à l’eau dans la sous-région, tels que l’accès à l’eau potable, l’irrigation agricole et la gestion des inondations.
Cette relocalisation représente une opportunité pour la Guinée de renforcer ses propres capacités en matière de gestion de l’eau. Le pays bénéficiera directement de la présence d’experts internationaux, de l’accès à des technologies de pointe et de l’intégration dans un réseau régional de savoir-faire. Cela pourrait également stimuler la création de partenariats avec des institutions de recherche et des universités locales, favorisant ainsi le transfert de connaissances et le développement de compétences nationales dans ce domaine crucial.
Au-delà de l’aspect technique, l’arrivée du CGRE en Guinée envoie un signal fort sur le plan politique. Elle démontre la confiance renouvelée de la CEDEAO envers la Guinée et son engagement à intégrer pleinement le pays dans la dynamique régionale.
C’est également une opportunité pour Conakry de renforcer son influence diplomatique et de jouer un rôle plus proactif dans les débats et les décisions qui façonnent l’avenir de la communauté ouest-africaine.
Cependant, l’accueil du CGRE n’est pas sans défis. La Guinée devra s’assurer de fournir un environnement propice à l’épanouissement de cette institution, incluant des infrastructures adéquates, et un soutien institutionnel robuste. La réussite de cette relocalisation dépendra de la capacité de la Guinée à mobiliser ses ressources et à collaborer efficacement avec la CEDEAO pour garantir un démarrage fluide et une opérationnalité optimale du Centre.
Ce jeudi à Faranah, le Premier ministre a lancé un appel pressant, dans le cadre de la protection de l’environnement. “La CEDEAO nous a accordé l’installation d’un centre régional de gestion des eaux. Protégeons nos forêts, nos ressources, notre environnement. Ce que Dieu nous a donné est précieux”, a lancé Bah Oury.
Pour de nombreux observateurs, l’attribution du Centre de gestion des ressources en eau à la Guinée marque un chapitre prometteur pour le pays et pour l’intégration régionale. C’est une chance pour Conakry de capitaliser ses atouts naturels et de se positionner comme un pôle d’excellence en matière de gestion de l’eau en Afrique de l’Ouest.
Sékou Camara