Le chef de l’État nouvellement élu, Joseph Boakai, 79 ans, a prêté serment le 22 janvier lors d’une cérémonie où il est apparu affaibli par la chaleur et les circonstances.
« Nous voyons des temps difficiles, nous voyons des dysfonctionnements, […] nous voyons de la corruption en haut lieu et en bas lieu. Et c’est dans ces conditions que nous sommes venus à la rescousse », a déclaré le nouveau président. Joseph Boakai, dont l’âge et l’état de santé sont source de débats au Liberia, a dû faire une pause et a terminé son discours assis alors que la chaleur était éprouvante. Il a également insisté sur la nécessité de reconstruire les infrastructures défaillantes, d’améliorer les services de base pour tous et de donner les mêmes chances de réussite à tous les Libériens.
Vétéran de la politique libérienne, vice-président de 2006 à 2018 sous la présidence d’Ellen Johnson Sirleaf et serviteur de l’État pendant plus de 40 ans, il a remporté au second tour la présidentielle en novembre avec 50,64 % des voix, contre 49,36 % pour son adversaire.
George Weah, qui avait battu Joseph Boakai en 2017 au second tour, a reconnu sa défaite avant l’officialisation de la victoire de son adversaire, s’attirant des louanges internationales. Joseph Boakai entre en fonction alors que son pays est en quête de stabilité après des années de guerres civiles et une épidémie d’Ebola, et est confronté notamment à la corruption et à un niveau élevé de pauvreté.
Alliance sulfureuse
Joseph Boakai s’est durant les élections allié à des barons locaux, comme l’ancien chef de guerre Prince Johnson, qui avait soutenu George Weah en 2017 et qui bénéficie toujours d’un fort soutien dans sa province de Nimba (Nord-Est). Prince Johnson, qu’une vidéo montra en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990 et qui est sous sanctions américaines pour corruption, a placé l’un de ses hommes, Jeremiah Koung, au poste de vice-président de Joseph Boakai. « Les attentes sur la présidence de Boakai sont élevées en raison de son expérience de l’État, de sa réputation de probité et sa vie qu’il a essayé de mener de la plus simple des manières », a déclaré un ancien élu local du comté de Nimba, Larry Nyanquoi.
« Tous les dirigeants [libériens] ont promis de réprimer la corruption et d’améliorer les conditions économiques mais ont échoué à le faire. Joseph Boakai doit faire la différence », juge l’analyste Abdulla Kiatamba, du Geo Baraka Group of Strategists, un groupe de conseil. Une baisse des prix de produits comme l’essence et le riz est attendue, selon John Kollie, le chef de l’ONG Liberia Media for Democratic Initiatives.
Le président élu avait appelé les Libériens à s’unir « comme un seul peuple pour reconstruire notre pays », dans une rare déclaration publique fin novembre après son élection. Il avait promis « d’étendre le développement à l’ensemble du pays », en construisant notamment des routes dans la région du Sud-Est, « négligée depuis des années ». Comme durant sa campagne, Joseph Boakai avait rappelé que la lutte contre la corruption serait l’un de ses combats et indiqué qu’il allait mettre en place un plan pour une transition « douce et pacifique ». Il avait aussi dit qu’il mènerait une réforme « radicale » de la sécurité et de la justice et ferait respecter l’État de droit.
Pour sa part, le président sortant George Weah a annoncé tirer un trait définitif sur la présidence. Âgé de 57 ans, il a invoqué son âge en 2029, date de la prochaine présidentielle, dans un enregistrement de ses propos auquel l’AFP a eu accès. « J’ai 57 ans et l’âge de la retraite est fixé à 65 ans [au Liberia]. Dans six ans, j’aurai 63 ans et je ne pourrai pas travailler pendant deux ans seulement », a-t-il déclaré.
J A