Sortie des pays de l’AES de la Cédéao: initiatives économiques et perspectives

Politique

Si la Cédéao a décidé de donner un délai de six mois au pays de l’AES, ce 29 janvier marque néanmoins la sortie officielle du Burkina Faso, du Niger et du Mali de l’organisation régionale. Un acte politique décidé il y a un an déjà. Quelles ont été les mesures économiques prises et quelles sont les perspectives économiques de l’AES ?

Privée d’accès à la Banque d’investissement et de développement de la Cédéao (BIDC) et donc de 500 millions de dollars de financements. L’Alliance des États du Sahel (AES) a annoncé vouloir créer sa propre structure ainsi qu’un fonds d’investissement. « Il y a eu une rencontre très importante à Bamako avec les ministres de l’Économie et des Finances et d’autres entités publiques des trois pays, à un très haut niveau, pour avancer la réflexion, pour mettre en place cette banque d’investissement et de développement. Je pense que la réflexion est assez poussée pour que cette banque puisse voir le jour assez rapidement », détaille Modibo Mao Makalou, économiste malien.

Le riche sous-sol de ces pays est sans nul doute un atout majeur dans ce processus, souligne encore Modibo Mao Makalou, ancien conseiller à la présidence. « Nous parlons de l’uranium et du pétrole pour le Niger, de l’or et du lithium pour le Mali et essentiellement de l’or pour le Burkina Faso. Donc, évidemment, ce sont les ressources prisées en ce moment et je pense qu’il n’y aura aucun mal à mettre en place une banque d’investissement », détaille-t-il.

L’AES reste cependant dans l’Union monétaire des États d’Afrique de l’Ouest, donc de la Zone franc. Mais « à terme, il est prévu qu’à l’horizon 2027, une monnaie commune soit instaurée. Ça veut dire que les trois pays, la Confédération de l’AES se retirent de tout cela », insiste-t-il. 

Des voies d’approvisionnement alternatives 

François Giovalucchi, chercheur, ancien du Trésor français, est plus prudent. « Sur les questions monétaires, non, on n’a pas entendu parler d’avancée. Il était question de mettre en place une banque régionale qui se substituerait à la BIDC. Mais cette banque régionale, vu l’état des finances de ces pays, elle ne peut exister que pour autant que des non régionaux, c’est-à-dire d’autres pays comme la Chine, veuillent bien apporter du capital », analyse-t-il, questionnant les possibles investisseurs dans la région. « On peut aussi se poser la question avec beaucoup de doutes puisqu’on a vu que la Chine tend à réduire sa voilure en matière de financement de l’Afrique depuis déjà deux ans », souligne encore François Giovalucchi.

Cette année, les trois États ont mené des politiques de reprise en main du secteur minier, leur principale source de revenus pour les caisses publiques. Pour le commerce, il a fallu s’adapter. « Il y a des voies alternatives, notamment le fait de passer par le Togo qui est désormais beaucoup plus proche des pays de l’AES qu’il ne l’a été. Il y a des voies alternatives, il y a des détournements de trafic que l’on va pouvoir mesurer, mais le problème d’un détournement de trafic, c’est que lorsqu’on passe par des nouvelles zones, elles peuvent être soit non sécurisée, soit manqué d’infrastructures », décrit le chercheur.

« Ce qu’on a observé, c’est effectivement que le port de Lomé tendait à être privilégié par rapport au port du Bénin, puisque la frontière Bénin-Niger reste fermée », souligne encore François Giovalucchi. Conséquence de cela : des surcoûts. L’OCDE notait en décembre que le nouvel itinéraire Lomé-Niamey « engendre une augmentation de plus de 100% des coûts logistiques par rapport au trajet pré-crise ».

RFI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *